Julien Decresson Pas de commentaire

10 Conseils pour démarrer votre activité

référence: Trends Top Guide Starters // article paru en décembre 2018

 

105.789 hommes et femmes ont lancé leur propre commerce en 2017. Le nombre de starters augmente chaque année : en 10 ans, nous avons constaté une croissance de près de 28 pour cent. Hélàs, 30 pour cent de ces nouvelles entreprises disparaissent déjà dans les cinq ans qui suivent leur démarrage. (Service d’étude SNI)

 

Comment cela se fait-il? Les starters ne sont souvent pas suffisamment préparés à l’entrepreneuriat et aux tracasseries administratives qui y sont associées. D’autres facteurs peuvent également étouffer une success story dans l’oeuf. Nous vous donnons 10 tuyaux qui constituent la base du succès et que chaque starter devrait garder à l’esprit, non seulement lorsqu’il démarre son activité mais également par la suite.

 

  1. Veillez à vous familiariser avec tous les marchés ou faites-vous bien entourer

Un entrepreneur doit, pour ainsi dire, être un homme à tout faire. Malheureusement, un entrepreneur ne peut s’occuper uniquement de sa propre spécialité. En effet, chaque entrepreneur doit en outre continuellement s’occuper du marketing, de l’administration, des finances, etc. Ces tâches supplémentaires sont souvent fastidieuses et frustrantes, mais un entrepreneur prospère en comprend l’importance et il y consacre suffisamment de temps, afin que tout continue à aller comme sur des roulettes. On exige des entrepreneurs qu’ils soient résistants au stress, qu’ils aient l’esprit ouvert et qu’ils soient flexibles, mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Si vous n’y connaissez rien aux chiffres ou à la correspondance, faites-vous assister par un professionnel qui reprendra vos tâches les plus ardues et vous permettra de vous consacrer ainsi à vos tâches préférées. Vous n’êtes pas toujours obligé de vous faire assister par un comptable ou par un expert-comptable, mais c’est souvent recommandé. En effet, ils connaissent les trucs et astuces de la législation fiscale sur le bout des doigts et ils pourront vous assister et vous conseiller au mieux.

 

  1. Examinez la faisabilité de votre idée

Tout le monde est à la recherche d’un créneau. Cependant, est-il absolument nécessaire de se montrer super-innovant ou mégacréatif, voire même d’utiliser des technologies de pointe ? Non, une bonne idée peut être très simple mais forte parce qu’elle répond immédiatement à un besoin existant. Lorsque vous avez une idée, que celle-ci soit ou non lumineuse, il est donc sensé d’examiner si elle est applicable en réalisant une étude de faisabilité. Qui sont vos clients potentiels et quel est leur nombre ? à quel endroit et à quel moment votre idée sera-t-elle la plus efficace ? Et surtout, pouvez-vous développer cette idée à un prix coûtant qui correspond au budget disponible de votre client ? Il vous sera déjà très utile d’ouvrir grands vos yeux et vos oreilles. Cependant, des professionnels pourront également vous aider et vous conseiller lors de la réalisation d’une étude de faisabilité. Dans le même temps, il est préférable que vous vérifiez si aucune autre personne n’a eu la même idée formidable. Vous pouvez vous rendre sur le site web suivant afin d’effectuer cette vérification et de sauvegarder votre idée : www.beschermmijnidee.be.

 

  1. Recherchez la compagnie de personnes de confiance

Dans le prolongement de l’étude de faisabilité, la contribution de votre famille et de vos amis peut s’avérer précieuse. Expliquez-leur vos projets et demandez-leur de vous faire part de leur avis sincère, non seulement au sujet de votre idée mais également de votre aptitude à mettre en oeuvre des projets. Les personnes de votre entourage immédiat vous connaissent bien et elles vous veulent du bien, ce qui les rend si appréciables. Soyez à l’écoute de leurs préoccupations quant à la compatibilité entre l’idée et vos talents et connaissances, réfléchissez

ensemble à l’impact sur votre vie privée et vos loisirs, demandez-leur des informations relatives à leurs expériences entant qu’entrepreneur, etc. Les avis bienveillants toucheront parfois une corde sensible, mais ils vous permettront de garder les pieds sur terre et de bien évaluer la différence entre le rêve et la réalité. Servez-vous du réalisme de votre famille et de vos amis pour bâtir votre avenir sur des fondations solides.

 

  1. Développez linfrastructure financière adéquate

Avoir une idée est un début, mais celle-ci doit trouver sa place dans un business model complet, dont l’étude de faisabilité et le plan financier sont des éléments primordiaux. Chaque démarrage d’une activité coûte de l’argent et c’est à vous qu’il revient d’en déterminer le montant exact et la provenance. établissez un plan équitable et réaliste pour les trois premières années, si besoin est avec l’aide de votre comptable ou de votre expert-comptable, et prévoyez les marges nécessaires pour que votre idée ait suffisamment de temps pour se développer et croître. Cela serait vraiment dommage qu’une bonne idée finisse trop tôt à la poubelle parce que le plan financier n’était pas suffisamment solide ou pas suffisamment réaliste pour pouvoir obtenir un crédit auprès d’une banque. Les starters qui prennent le temps nécessaire pour tout examiner peuvent compter sur de très nombreuses mesures financières de soutien et il existe également un certain nombre de modes de financement alternatifs tels que le crowdfunding et le prêt coup de pouce. Gardez également toujours bien à l’esprit que le démarrage de votre activité ne doit pas seulement permettre à votre idée de survivre mais que vous devez également pouvoir en vivre. Des réserves financières suffisantes vous donnent le répit nécessaire pour vous permettre de travailler de manière acharnée et de profiter des résultats de ce travail.

 

  1. Informez-vous au sujet des obligations administratives

En dépit de toutes les tentatives de simplification administrative, l’entrepreneuriat dans notre pays induit toujours beaucoup de paperasserie. Le guichet d’entreprise est le point de départ grâce auquel vous pouvez trouver de nombreuses informations. Cependant, un starter doit également garder à l’esprit le contexte global. Prenez contact avec votre ville ou votre commune afin de vous enquérir des éventuelles autorisations et procédures, discutez

avec des entrepreneurs existants de votre secteur et demandez leur de partager leurs expériences et leurs tuyaux, contactez une organisation professionnelle d’assistance, etc. Beaucoup des informations ainsi obtenues s’avéreront à terme appréciables et elles vous permettront d’éviter les embrouilles ou les déconvenues financières.

 

  1. Gardez la paperasserie sous contrôle

Un entrepreneur est tous les jours submergé de factures, de courriers, d’e-mails et de messages Whatsapp. Ne vous laissez pas envahir par toutes ces formes de communication. Partez du principe que chaque courrier ou chaque message est important et prenez le temps de les lire consciencieusement.

Si vous n’êtes pas d’accord avec quelque chose, réagissez par écrit ou transmettez vos remarques à votre comptable ou à votre avocat qui pourra réagir en votre nom. Au début, cela peut s’avérer difficile de garder l’ensemble de la paperasserie sous contrôle. Recherchez cependant un système qui travaille pour vous et qui vous permet de traiter toute cette paperasse à temps et de manière correcte.

 

  1. Apprenez à connaître vos clients et vos concurrents

Dans votre étude de faisabilité, vous avez déjà déterminé votre public cible, mais vous prenez régulièrement le temps de communiquer avec vos clients. Vous pouvez peut-être renforcer votre idée et votre entreprise grâce à leurs remarques ou leurs suggestions et une critique constructive est souvent d’une valeur inestimable. à l’autre bout de la chaîne se trouvent vos concurrents, qui peuvent s’avérer tout aussi précieux. Un concurrent avisé ne vous laisse naturellement pas profiter tout simplement de ses connaissances, mais il peut pourtant s’avérer un collègue et un allié dans des périodes difficiles.

Prenez le temps de participer à des événements de networking dans votre quartier ou affiliez-vous à une organisation professionnelle et profitez des connaissances et de l’expérience acquises par vos collègues et vos concurrents.

 

  1. Récoltez les fruits dune bonne première impression

Tous les starters souhaitent faire bonne figure et laisser une première impression forte. Pensez cependant que ce sont surtout votre personnalité et votre concept qui doivent convaincre les gens, et pas le bureau où vous recevez les clients ni la voiture avec laquelle vous circulez. Oui, vous devez avoir l’air professionnel. Cependant, un bureau luxueux fera généralement une moins bonne impression qu’un entretien sincère au cours duquel vous esquissez une vision claire de ce que cela peut représenter pour les clients de travailler avec vous. Comme chaque rencontre peut vous faire gagner un nouveau client, veillez à mettre en avant à tout moment de la journée vos qualités d’entrepreneur et votre professionnalisme.

 

  1. Apprenez tous les jours

L’inaction n’est certainement pas une option pour les entrepreneurs. Vos clients s’attendent à ce que vous soyez informé à tout moment au sujet des nouveaux produits, des nouvelles méthodes et des nouvelles évolutions. Par conséquent, vous devez répondre à cette attente pour pouvoir prospérer et perdurer. Inscrivez-vous aux différentes newsletters traitant de votre activité, abonnez-vous au magazine de votre organisation professionnelle et suivez les formations nécessaires. De cette manière, vous pourrez toujours démontrer à vos clients que vous ne craignez pas les nouveautés et que vous souhaitez continuer à améliorer votre service. En outre, les pouvoirs publics peuvent également vous prêter main-forte. Des séances d’information sont régulièrement proposées aux entrepreneurs sur les différents sites web des pouvoirs publics. Jetez-y de temps à autres un coup d’oeil et bénéficiez de cette offre.

 

  1. Profitez de la vie

Le fait de lancer son propre commerce et de le faire tourner requiert une énergie phénoménale et occupera au début tout votre temps. Veillez cependant à maintenir un équilibre entre votre travail et votre vie privée. En consacrant du temps à votre famille et à vos amis, vous ne vous accordez pas seulement des moments d’indispensable détente, mais vous vous assurez également de leur soutien indéfectible. Ils peuvent dès lors tout aussi bien vous soutenir dans les moments difficiles que vous tenir compagnie lorsque vous célébrez vos succès. Il est crucial que vous restiez motivé. Cette motivation découle très souvent de petits succès, certainement au début. Célébrez donc chaque succès et chaque aubaine avec votre entourage proche, qui se sentira ainsi encore plus impliqué et vous apportera volontiers davantage de soutien dans les moments difficiles.

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FDMT Pas de commentaire

Nouveau Code des sociétés : 15 réformes que vous devez connaître

Entrée en vigueur en 2019

La réforme du Code des sociétés portée par Koen Geens vient d’être déposée au Parlement. Elle aura un impact sur toutes les entreprises, de la multinationale cotée en Bourse à la société unipersonnelle. « Trends-Tendances » a sélectionné 15 mesures qui vous concernent. Gilles Quoistiaux

Un premier texte officiel est enfin disponible. La réforme « mammouth » du Code des sociétés, portée par le ministre de la Justice Koen Geens (CD&V), vient d’être déposée à la Chambre. Elle pèse près de 800 pages. C’est une réforme majeure du droit des sociétés, qui annonce un grand chamboulement des règles régissant la création et le fonctionnement des entreprises. Ce code relooké se veut plus flexible, plus malléable et plus simple pour les entreprises et les dirigeants de sociétés. Il a pour ambition de rendre le droit belge des sociétés plus compétitif par rapport à nos voisins, afin d’attirer plus d’entreprises et de talents dans notre pays.

Le projet de loi déposé par le gouvernement suivra son parcours législatif au Parlement avant d’être définitif. Des adaptations du texte, dont certains passages sont controversés, ne sont pas à exclure. Mais Trends-Tendances vous livre déjà les lignes de force du projet, en 15 réformes clés.

  1. Formes de sociétés : le grand ménage

Le nouveau Code des sociétés réduit fortement le nombre de structures juridiques. Une kyrielle de sociétés passent à la trappe comme la société momentanée, la société coopérative à responsabilité illimitée ou encore la société agricole. Au total, leur nombre passe de 17 à 9, a comptabilisé l’avocate Virginie Bazelmans, senior associate chez Lydian. Parmi celles qui subsistent, quatre ont vocation à être les formes les plus courantes : la société anonyme (SA), la société à responsabilité limitée (SRL), la société coopérative et la société simple sans personnalité juridique. Si certaines structures peu usitées disparaissent, leurs caractéristiques ne sont pas pour autant gommées du Code des sociétés. « Ce n’est pas une suppression complète : les nouvelles formes de sociétés remplacent les anciennes, explique Virginie Bazelmans. Par exemple, la SPRL starter et la SPRL unipersonnelle disparaissent, mais comme la réforme laisse beaucoup de place à la liberté contractuelle, leurs objectifs peuvent être réalisés au travers de la nouvelle SRL ».

  1. Créer une société avec… zéro euro de capital

C’est l’un des changements majeurs du nouveau code. Tout entrepreneur qui souhaite créer une société pourra le faire sans y injecter le moindre euro de capital. Il pourra dans ce cas utiliser la SRL, la société à responsabilité limitée, qui est destinée à devenir le véhicule juridique le plus commun et le plus flexible pour les entrepreneurs. Pour les initiateurs du projet, les entrepreneurs n’ont pas toujours besoin de beaucoup de moyens pour créer leur entreprise. « La société unipersonnelle d’un indépendant ne nécessite pas forcément un capital de départ de 6.000€, comme c’est le cas actuellement s’il veut mettre sur pied une SPRL », point Virginie Bazelmans. Cette nouvelle disposition vise à remplacer la SPRL Starter, ou SPRL à un euro, qui n’a jamais décollé.

  1. Un plan financier détaillé pour responsabiliser les fondateurs

En contrepartie de l’abandon de l’obligation d’injecter du capital au départ de la société, le futur Code prévoit un nouveau type de « contrôle » a priori de la pérennité du projet d’entreprise. Les fondateurs devront déposer auprès du notaire un plan financier détaillé en sept points. Ce plan contient une description de l’activité projetée, un aperçu des sources de financement, une projection du compte de résultats, etc. On sort donc d’une vue purement comptable basée sur l’injection d’un certain montant de capital frais à l’origine du projet d’entreprise. Mais si l’affaire tourne mal dans les trois premières années, la responsabilité des fondateurs pourrait être engagée en référence au plan financier. « Ce système offre une certaine flexibilité, sans pour autant déresponsabiliser les entrepreneurs », commente l’avocate Virginie Bazelmans.

  1. Des actionnaires à géométrie variable

« Le principe ‘une action-une voix’ est abandonné », plante Vincent Macq, managing partner de Freshfields en Belgique. A l’avenir, le poids des actionnaires pourra être décorrélé de leur apport financier de départ. Les apports en nature, comme le savoir-faire ou les idées des fondateurs, seront mieux pris en compte. « C’est très précieux pour les start-up et les nombreuses biotechs qui se créent en Belgique », observe Vincent Macq. Le fondateur d’une société, qui ne dispose pas forcément de capital de départ, pourra obtenir un droit de vote multiple, sans limitation au coefficient multiplicateur. Dans le cas particulier des sociétés cotées, un système de double droit de vote optionnel sera introduit. Inspirée de la « loi Florange » en France, cette nouvelle disposition permet de récompenser les actionnaires « loyaux » qui conservent leur participation pendant plus de deux ans. « Le but est d’accroître le pouvoir votal de ces actionnaires par rapport à ceux qui investissent à court terme », précise Vincent Macq. Les entreprises à actionnariat familial, qui souhaitent garder le contrôle sur leur société sans pour autant renoncer à leur cotation en Bourse, seront particulièrement intéressées par ce dispositif. Celui-ci est cependant critiqué par certains observateurs, qui l’apparentent à du protectionnisme : « Dans une approche plus anglo-saxonne ; le fait d’être soumis à un risque d’OPA est considéré comme une certaine forme d’hygiène, qui évite aux administrateurs de s’endormir sur leurs lauriers », explique Pierre-Olivier Mahieu, partner chez Allen & Overy.

  1. Dividendes : le nouveau test de liquidités

Autre conséquence de la suppression de l’obligation d’apport en capital : l’introduction d’un nouveau « test de liquidités » préalable à la distribution de dividendes. Ce test a pour objectif de vérifier que l’entreprise dispose des fonds suffisants pour continuer à honorer ses dettes dans les 12 mois qui suivent le versement des dividendes des actionnaires. Ce test, établi sous la forme d’un rapport, doit être soumis à l’auditeur de l’entreprise.

  1. De la souplesse pour les dividendes intérimaires

Actuellement, les dividendes intérimaires ne peuvent être versés qu’après les six premiers mois de l’année comptable, sur les profits de l’année en cours. Demain, ils pourront être versés à n’importe quel moment de l’année et provenir des bénéfices de l’année précédente. « L’idée est d’offrir une plus grande souplesse aux actionnaires », souligne Vincent Macq.

  1. Céder librement ses actions

Un actionnaire d’une société à responsabilité limitée pourra céder ses actions beaucoup plus facilement qu’aujourd’hui. « Actuellement, sauf exceptions, les parts ne sont cessibles aux tiers qu’avec l’agrément d’au moins la moitié des associés possédant au moins les trois quarts du capital », rappelle Virginie Bazelmans. Cette règle deviendra supplétive, ce qui permettra aux actionnaires d’être beaucoup plus libres dans la revente de leurs participations.

  1. Organiser la « démission » des actionnaires

Le projet de code prévoit un tout nouveau mécanisme de sortie pour les actionnaires qui souhaitent se séparer de leurs participations. Les entreprises pourront organiser cette forme de « démission » dans leurs statuts. L’actionnaire démissionnaire pourra notifier son départ à tout moment et quitter le navire dans les six mois, suivant les modalités prédéfinies de rachat de ses parts. « Ce mécanisme vise à rendre la prise de participations dans une entreprise plus attractive. Il pourra servir par exemple à des structures dont les actionnaires sont des associés partenaires, qui souhaitent prévoir des facilités de sortie en cas de départ de l’un d’entre eux », explique Laurent Verhavert, avocat associé chez Strelia.

  1. Des administrateurs à responsabilité limitée

C’est la disposition la plus controversée du texte. Un système inédit de plafonds de responsabilité, compris entre 125.000 euros et 12 millions d’euros, est introduit en droit belge. L’objectif revendiqué par le gouvernement est de rendre la Belgique plus compétitive au niveau international, pour lui permettre d’attirer des hauts profils dans ses conseils d’administration. Cette limitation devrait faire baisser les primes d’assurance réclamées aux administrateurs pour les couvrir en cas de mise en cause de leur responsabilité. « Cette mesure résout aussi une certaine incohérence entre le top management d’une société, qui peut voir sa responsabilité limitée contractuellement, et les administrateurs qui sont actuellement responsables de manière illimitée, alors même qu’ils ne s’occupent pas directement de l’opérationnel », explique Stéphanie Dalleur, senior associate chez Allen & Overy. Cette disposition fait cependant grincer des dents, notamment sur le banc syndical, où l’on ne comprend pas pourquoi les membres du CA devraient bénéficier d’un traitement de faveur en cas de faute de gestion générant un dommage pour l’entreprise et ses travailleurs. Certains s’étonnent également de cette mesure, qui peut limiter drastiquement les possibilités de récupérer une indemnisation significative lorsque la responsabilité des administrateurs est mise en cause : « Protéger les administrateurs des risques liés à d’éventuelles fautes de gestion est légitime. Cela dit, une limitation de responsabilité à hauteur de 12 millions d’euros pour l’ensemble du conseil d’administration pourrait être considérée comme peu élevée dans le cadre de grosses opérations. Je n’ai pas connaissance de telles limitations ailleurs à l’étranger », pointe Vincent Macq (Freshfields Belgique).

  1. Réunir un conseil d’administration par écrit

Le conseil d’administration ne devra plus forcément se réunir physiquement. Actuellement, ce type de procédure écrite ne peut s’organiser qu’en cas d’urgence. Le nouveau dispositif est une facilité pour certains conseils d’administration composés de membres qui sont souvent en déplacement. Cela permet également d’éviter de réunir plusieurs personnes alors que toutes les discussions préalables ont déjà eu lieu, que les décisions ont été prises en amont, et qu’il suffit de les formaliser.

  1. Un seul administrateur, ça suffit

Dans une société anonyme, un conseil d’administration pourra être composé d’une seule personne. Le nouveau Code des sociétés répond ainsi à une demande des entreprises qui souhaitent plus de flexibilité dans leur organisation. Ce type de structure pourrait être adopté notamment par des filiales belges de groupes internationaux, qui souhaitent simplifier leur mode de fonctionnement.

  1. Une nouvelle organisation bicéphale

Les sociétés anonymes (SA) auront également la possibilité d’opter pour une nouvelle forme « bicéphale » d’organisation. Elles pourront remplacer leur conseil d’administration par une conseil de direction, chargé de l’opérationnel, et un conseil de surveillance, en charge des grandes orientations stratégiques. Les SA qui fonctionnent actuellement avec un comité de direction devront à terme le supprimer et, si elles le souhaitent, le remplacer par un conseil de direction. La différence majeure avec le système actuel est que les compétences des deux organes seront totalement exclusives et ne pourront plus se chevaucher. Par ailleurs, une même personne ne pourra plus siéger dans les deux organes, comme c’est actuellement possible par exemple pour un CEO qui peut être membre du conseil d’administration. « Ce système dual, inspiré de la France et de l’Allemagne, est totalement nouveau pour la Belgique. Vu sa rigidité, je ne suis pas certain qu’il sera fort utilisé. Par ailleurs, il est dommage que les entreprises dont le comité de direction fonctionne bien ne puissent pas le conserver », estime l’avocat Pierre-Olivier Mathieu, partner chez Allen & Overy.

  1. Déposer des documents en anglais

Petite avancée en matière d’emploi des langues : certains actes de dépôt pourront être rédigés en anglais. Toutefois, des documents comme les statuts de l’entreprise devront toujours être rédigés dans une des trois langues officielles.

  1. Siège social : priorité à la liberté d’établissement

Les entreprises pourront à l’avenir choisir librement la localisation de leur siège social. Elles ne dépendront plus, comme c’est le cas à l’heure actuelle, du lieu où elles possèdent leur siège réel, c’est-à-dire leur principal établissement. « C’est une mini révolution, assure Virginie Bazelmans. Le siège social détermine en effet la nationalité de la société ». L’idée est de rendre la Belgique plus attractive et plus compétitive par rapport à d’autres pays comme les Pays-Bas où la liberté d’établissement prime. Précisons que le choix du siège social n’a d’impact que sur les règles relatives au droit des sociétés. « Cela ne change rien aux dispositions fiscales, pour lesquelles le critère de la direction effective reste d’application », précise Virginie Bazelmans.

  1. Dernier délai pour s’adapter : 2024

Le ministre de la Justice espère pouvoir avancer vite au Parlement, afin de fixer une entrée en vigueur du texte au 1er janvier prochain. Mais certains observateurs doutent que ce timing serré puisse être tenu et tablent plutôt sur le printemps 2019. Cela dit, le jour de l’entrée en vigueur du texte n’implique pas pour chaque entreprise du royaume l’obligation d’opter séance tenante pour une des nouvelles formes de société, ni de se conformer à l’ensemble du texte. Le principe prévu par le projet de loi est celui de l’opt-in : toute entreprise qui souhaite opter pour le nouveau code des sociétés peut le faire. Dans ce cas, elle ne peut cependant pas fonctionner au cherry picking et picorer dans le texte les dispositions qui l’arrangent. Le code new look est donc à prendre ou à laisser.

Important à savoir : dès qu’une entreprise réalisera une modification, même mineur, de ses statuts, elle devra automatiquement les adapter au nouveau code et basculera dès lors dans le nouveau dispositif légal. La date limite pour embrasser le nouveau régime est fixée au 1er janvier 2014.

 

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